Chansons des communautés juives dans le Nord au tournant des 13e et 14e siècles
Ce programme ressuscite tout un univers culturel, la langue d’oïl et l’hébreu y sont intimement mêlés. Dans le nord de la France, à la fin du 13e siècle, des chansons des communautés juives nous ont été transmises en alphabet hébraïque et utilisent les mélodies de trouvères qui leur sont contemporaines…
Ensemble Alla francescaBrigitte Lesne / chant, harpe-psaltérion, percussions
Michaël Grébil / luth, cistres, chant, percussions
Lior Leibovici* / chant
Vivabiancaluna Biffi* / vièle à archet
Pierre Hamon* / flûtes*ou, selon les variantes et disponibilités : Christel Boiron (chant), Ivo Haun de Oliveira (chant), Nolwenn Le Guern (vièle à archet)Conception du programme et transcriptions musicales : Brigitte Lesne, sur une idée de Colette Sirat
Au cours de cette période trouble, qui s’inscrit entre le brûlement du Talmud (1242-1244) et la grande expulsion de 1306, les juifs ont la même vie quotidienne, la même langue que les chrétiens. Ils ont également en commun un même goût pour les livres, les monuments, les bruits de la ville et des foires, la joie de vivre et les chansons populaires.
Leurs chansons reflètent leur vie quotidienne et les événements, heureux ou tragiques, qui la ponctuent. On y trouve l’expression vocale d’une population, gardienne de ses rites et de ses traditions, mais intégrée dans son environnement et s’exprimant en langue d’oïl ; seuls les prières, les poèmes liturgiques et les études demeurent en hébreu.
Dans les livres et les manuscrits qui nous sont parvenus, tous les poèmes, en français comme en hébreu, sont en écriture hébraïque (la seule enseignée aux juifs). Nous savons aujourd’hui que les mélodies de ces poèmes étaient calquées sur celles des chansons de trouvères. La poésie hébraïque a utilisé durant des siècles ce procédé du contrafactum qui consiste à adapter à un nouveau texte la mélodie d’un air connu de tous.
Le résultat musical est spectaculaire. Des pages manuscrites séculaires jaillit la musique d’un monde coloré, bruyant et sensuel où les Juifs expriment leur foi, leur peine et leur plaisir. Un monde disparu, après l’expulsion définitive des juifs de France en 1394, et que ce programme fait revivre.